LE DIMANCHE, ON NE TRAVAILLE PAS ! (1)

Après avoir déchiffré la belle écriture cursive d’un clerc docte et appliqué de 1508, voici un nouvel exercice de paléographie. Il s’agit d’un extrait du registre des délibérations municipal daté du 20 janvier 1669, rédigé, comme on peut le constater, de façon brouillonne et approximative par le secrétaire du Conseil de la communauté salernoise. Le secrétaire était élu pour une durée de un an en même temps que les autres membres du Conseil (consuls, trésorier, etc…). Il était choisi parmi les rares bourgeois salernois de petite condition capables de tenir la plume d’oie ; ce n’était donc pas un professionnel, ce qui explique la médiocrité de ses écrits.

La décision qui nous intéresse ici fut manifestement prise à l’instigation de missionnaires. Une mission paroissiale était composée de frères prêcheurs (dominicains, minimes…) séjournant temporairement dans un village pour y stimuler la foi des paroissiens et leur rappeler les règles canoniques. On érigeait parfois une croix de mission à cette occasion. Celle de 1726 a disparu mais il s’en trouve encore deux à Salernes : aux Arnauds de 1923, et devant l’ancienne maison de retraite, non datée. En 1669 à l’issue de leur intervention, les missionnaires imposèrent un certain nombre de contraintes. Ainsi le texte en question recense-t-il les restrictions à l’exercice de certaines activités professionnelles jugées incompatibles avec le principe canonial du repos dominical. Et pour la énième fois, l’église saisit aussi l’occasion pour s’emparer du problème des pelotes et charivaris, problème récurrent qui empoisonnait tant toutes les épousailles de la province.

Hervé Siffre

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