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QUAND PAUL COTTE ECRIVAIT A HONORE DAUPHIN

Publié le par Hervé Siffre

Voici deux courriers de Paul Cotte à son ami Dauphin.

Tout au long de sa vie, Paul Cotte entretint avec Honoré Dauphin une amitié sans faille. D’abord membres de la société secrète salernoise (dont je donnerai un de ces jours la liste des membres), le bourgeois Cotte et le perruquier Dauphin s’engagèrent tous deux dans la défense de la République en s’opposant au coup d’état de 1851. A la chute du second empire, Cotte fut brièvement préfet du Var avant d’être élu député alors que Dauphin devenait un céramiste prospère.

Comme on peut le constater sur les lettres suivantes, l’Assemblée nationale siégeait toujours à Versailles où elle s’était repliée en 1871 (Elle ne s’installera au palais Bourbon que fin 1879).

Le courrier de 1875 a des accents très républicains, voire alarmistes. Il est retranscrit ci-dessous pour en faciliter la lecture.

Celui de 1879 quant à lui est tout aussi engagé, même s’il débute sur quelques considérations alimentaires dont on ne peut décemment ignorer l’universel intérêt. Car enfin, même exilé à Paris, un Salernois reste un Salernois ! Je n’en propose donc que la page d’inspiration culinaire, la première des quatre que compte cette seconde lettre.

Hervé Siffre

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QUAND PAUL COTTE ECRIVAIT A HONORE DAUPHIN
QUAND PAUL COTTE ECRIVAIT A HONORE DAUPHIN

 

Versailles le 11 janvier 1875

Mon cher ami

Quelle mauvaise tête j’ai ! Et comme j’ai peu d’ordre ! En ouvrant mon portefeuille j’y trouve la déclaration ci-jointe que je signe et vous prie de porter au plut tôt au receveur que vous voudrez bien remercier.

Où va la France mon cher ! Hélas on n’en sait pas plus à Versailles qu’à Paris et qu’à Salernes. Bien malin qui dégagerait l’inconnue et pourtant les éléments du problème sont là, sous nos yeux : contre la République : le Chef de l’Etat, le gouvernement, tout le monde officiel, le clergé, la magistrature ; pour la République : l’immense majorité des Français, les savants, les hommes illustres dans les lettres, dans les sciences, la loi, le droit, l’intérêt du pays. Chez tout autre peuple l’issue ne serait pas douteuse ; ici bien que nos espérances soient grandes on ne peut s’empêcher d’avoir des craintes. La France est malade, ce qu’elle supporte le dit assez et ce n’est pas la première fois que l’intérêt de quelques l’emporte sur l’intérêt du grand nombre ; que le canon tonne contre la loi et que le droit succombe. Nos adversaires sont aussi fous que criminels de vouloir rejeter la démocratie dans la voie révolutionnaire en renversant la République. S’ils arrivaient à leurs fins ce que je ne crois pas, leur règne serait court et ils disparaîtraient dans une bataille terrible. Mais ils n’iront pas je pense jusqu’à un « risquons tout » ; et comme ils ne peuvent rien légalement pour le moment, ce qu’il y a le plus à craindre c’est le statu quo pendant longtemps ; la République contre les Républicains. En somme je ne suis pas mécontent.

Dites à ma mère que je vais bien. Dites le aussi à ma tante si vous la voyez. Mes compliments à la cuisinière, de bonnes caresses au petit coquin.

Mille choses aux amis et gardez pour nous un bon serrement de main.

De votre ami.

Signé Cotte.

QUAND PAUL COTTE ECRIVAIT A HONORE DAUPHIN

Versailles le 14 janvier 1879

Bien cher ami

J’ai reçu hier matin mardi l’énorme quantité de truffes que vous m’avez fait l’amitié de m’envoyer. J’ai pu en manger à midi et j’en ai mangé le soir. Elles sont excellentes. Le lapin sera à la broche demain à midi. Mille remerciements pour ces bonnes choses…

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